Un autoportrait par la méthode Big Data : chaque jour, j'avance de deux minutes l'heure à laquelle je note ce qui se produit sur une carte postale. L'aggrégation de tous ces jours génère une moyenne, le jour moyen d'un individu ordinaire.
Tous les jours sont réservés. Revenez les lire régulièrement ici...
Le soleil me réveille.
Premiers gestes : m'étirer vers la gauche pour saisir le téléphone ; vers la droite pour allumer la tablette.
Il y a six messages non lus.
L'énergie solaire est à présent suffisante pour que le Maneki Neko en plastique posé sur le rebord de la fenêtre se mette à agiter son bras au rythme d'une pulsation toutes les demi-secondes.
[intime]
Se lever : soulever mon corps en prenant appui sur le pied gauche, rouler les matelas, poser les coussins sur la table, tirer les rideaux, ouvrir la fenêtre, regarder dehors.
L'alarme du téléphone sonne. La musique est supposément motivante. Il me faut quatre tentatives pour éteindre l'appareil.
Dehors, le camion-poubelle passe.
Le savon s'use-t-il plus vite quand on l'utilise toujours du même côté ou quand on alterne un côté puis l'autre ? Sous la douche, je m'interroge.
Je suis allongé sur le lit et j'envoie des messages à quelqu'un situé dans une voiture circulant sur une route départementale à 600km de là.
Je suis encore profondément endormi.
[intime]
Regarder le ventilateur tourner au plafond, 2 tours 1/2 par seconde. Se rendormir, se réveiller, rester allongé, ne pas trop savoir quoi faire.
Et c'est encore le ventilateur qui remporte la palme de mon attention - canicule matinale.
Il ronfle.
Dans mon rêve, la cheminée ronflait, elle aussi.
Je me rendors.
L'actualité du jour est effrayante : cyclone sur les Caraïbes, attaque terroriste sur Lyon, rentrée scolaire, mauvaise récolte de Beaujolais causée par le réchauffement climatique. Heureusement, les publicités insérées entre les articles me rappellent que je peux tout de même acheter le dernier smartphone Samsung.
Après m'être entièrement habillé, je réalise que j'ai oublié de me mettre du déo. Alors, je retourne dans la salle de bains et me redéshabille.
Le moment est idéal pour rédiger un mail administratif.
Comment emballer une sphère avec un papier-bulle plan ? Dans quel sens poser le scotch ? Où donner du mou, où serrer ? Le paquet a triste mine.
Nous dormons encore, enfin je crois.
Le soleil sur le quai, rosée sur les bancs, fesses humides.
Les enveloppes font plus de vingt grammes et je suis obligé de coller mes Mariannes à la verticale pour que ça loge.
Trois jours de vaisselle dans l'évier. L'y laisser, la faire... ? Je sirote mon thé, pesant le pour et le contre.
Je fais de mon mieux pour partir à huit heures mais je suis encore à courir après mes clés, mon portefeuille, mon foulard et ma carte de bus.
La météo du jour : soleil et chaleur, d'après ma tablette. Et effectivement, dehors, il fait beau et chaud.
Il y a beaucoup de vidéos étranges sur internet, me dis-je en regardant ce qui m'a été envoyé sur Facebook pendant la nuit.
Quand le pot de beurre de cacahuètes est vide, il y a toujours moyen de gratter une dernière cuillère en raclant les bords, me dis-je en retournant à ma tartine.
Je transfère le manuel de mon nouveau lecteur de codes barres, acheté sur un site louche en Chine, de ma boîte perso à ma boîte pro.
Dans la rue en dessous des mes fenêtres, une femme à vélo explique à un automobiliste en voiture bleue que "ça ne passe pas." Sonnée, la voiture reste un moment immobile au milieu du carrefour.
Je finis par scroller jusqu'à la rubrique des faits divers.
J'apprends des choses sur les relations humaines grâce à un entretien avec Esther Perel publié dans un quotidien national.
Après avoir parcouru plusieurs piles de papiers, je finis par retrouver mon formulaire de résiliation.
Aider ses proches peut leur faire perdre le RSA, indique un quotidien national qui donne des exemples de situations concrètes à un lectorat qui ne sera jamais concerné.
Assis sur le trône, je médite en silence sur le week-end à venir.
Le thé est encore un peu chaud. Les cris des enfants de l'école résonnent. Un ouragan de catégorie 5 évolue sur l'Atlantique.
Je colle un timbre sur une carte postale : le coin se retourne, on dirait un trapèze.
Mon bus arrive au croisement. Si je cours, je peux peut-être l'attraper. Courir ? Ne pas courir ? Je m'élance.
Le bus prononce mon nom : "prochain arrêt, impasse Mathieu." Je le remercie intérieurement de me faire réfléchir ainsi.
La dentiste me parle sur un ton enjoué, avec en musique de fond "allez reste / allez reste encore un peu" ; je réponds par grognements - je n'ai pas du tout envie de rester.
J'attends le bus. Le temps d'attente est indisponible à cause de la venue de notre bon president ; sur le banc il y a une jeune fille avec du rouge à lèvres criard qui tire la gueule.
Je lis "Epicure en Corrèze" de Conche, il lit "Le joueur d'échecs" de Zweig, les autres lisent leurs smartphones, le bus progresse.
L'immeuble en construction devant lequel je passe a un étage de plus que la veille.
Le petit immeuble est là, enserré entre deux barres, légèrement en retrait ; un type au regard fatigué passe avec une poussette vide, on entend à peine le bruit de l'avenue ; je me dis que ce serait pas mal de vivre ici.
La dentiste manipule dans ma bouche une sorte de crayon qui émet une lumière bleue et des bips très doux, un bip, deux bips, un bip plus long signalant la fin de l'opération.
Le bus part de l'arrêt, il est bien plein, trois personnes dans mon voisinage ont une mauvaise toux, plus tôt j'ai lu un article dans le journal sur les maladies qu'on attrape l'hiver à cause de la promiscuité.
Ça sent fort le cannabis dans l'espace confiné du bus, il a dû fumer beaucoup de joints. J'évite consciencieusement le regard de ses yeux rouges.
Le détecteur automatique de présence installé juste au dessus de la porte de sortie maintient la dite porte ouverte tandis que nous tentons de nous entasser dans l'autobus déjà bondé. Il ne partira pas tant que la porte restera ouverte. Nous attendons.
Les cartons vont dans le bac du carton, les plastiques vont dans le bac du plastique, les cartouches vides dans le bac des cartouches visés ; j'ai des couleurs indéfinissables sur les mains.
Il fait froid : le gars sur le chantier du gaz allumé une cigarette pour se réchauffer.
L'ordinateur est lourd, très lourd. Je le porte à bout de bras en me hâtant pour éviter la pluie.
J'entoure la vitre de joint silicone dans le bain espoir d'étanchéifier mon installation.
J'enlève petit à petit les traces de joint silicone en effectuant des mouvements rotatifs à l'aide d'un vieux tissu.
La boulangerie est loin, l'exposition est dans deux jours, j'ai une montagne de trucs à faire, et je mange des pâtes pour gagner le temps d'un aller-retour.
Elle lui demande si elle aime bien les buffets asiatiques. Elle répond qu'elle préfèrerait les buffets français, si ça existait. Elles ont toutes deux entendu parler d'un tel buffet à Narbonne.
Attendant que la machine à café se libère, je pioche machinalement dans le bol de M&M's placé sur la petite table. Quelle que soit leur couleur, ils ont tous exactement le même goût.
C'est déjà le deuxième appel depuis que je me suis assis sur mon siège et que j'ai mis mon casque.
Nous remettons ensemble à notre manager nos demandes de congé pour février. Stupeur : nous voulons tous les deux les mêmes dates.
L'infirmier prend ma tension - 10.2 - et me demande si je peux m'asseoir. Je me redresse en vacillant.
Il semble donc impossible de rendre compte de ce qu'il se passe à 9h14. Toutes mes tentatives furent infructueuses. 9h14 est une heure indescriptible.
Le téléphone ne sonne pas.
J'allume le téléphone.
Quatre messages.
Un cinquième le temps d'arriver à m'extraire du lit.
Le bus ne s'est plus arrêté depuis que je suis monté il y a déjà cinq arrêts. Tout le monde, soit six passagers, semble attendre le terminus.
Après de longues négociations je parviens à le convaincre d'appeler le bon fournisseur, puisque les produits ne sont pas de notre société.
Entre deux ronflements de mon voisin de chambre, je rêve de camping à la campagne et de voitures Burago.
Il n'y a aucune mention de l'appel à la grève dans le journal local.
On se demande où on va bien pouvoir se retrouver la prochaine fois.
Chaos téléphonique.
Appels entrants
Grésillements
Je clique.
A Saint-Amour, Michel Bolard fabrique des pâtés en croûte ; constate-je depuis la fenêtre du train.
Je me réveille au chant d'un unique oiseau.
Elle est déjà au travail sur son ordinateur.
On cherche à se souvenir de ce qui s'est passé vendredi, quand je n'étais pas là.
Trois téléphones sonnent en même temps : je décroche et prononce la phrase magique.
Je m'extrais de ma chaise pour aller prendre un café.
On parle au téléphone de ses enfants qui impriment n'importe quoi sur son imprimante.
La liste Excel est longue, très longue. Les termes des colonnes sont parfois inversés. Cela se reflète dans le stockage de l'entrepôt.
Alors que tout ralentit, je trouve enfin le temps de lui écrire.
Un nombre suspicieusement élevé de gens toussent sur le marché, mais peut-être est-ce là juste le fait que j'y prête plus attention que d'habitude.
Elle tousse depuis dix jours, elle était revenue au travail jeudi mais elle est de nouveau en arrêt. Je teste le transfert d'appel sur sa ligne.
On ne sait pas si on va revenir travailler cet après-midi.
Quelqu'un arrive en face sur le même trottoir, je traverse précipitamment.
Il y a une pénurie de masques.
Je dépanne anonymement par email une artiste plasticienne très connue qui a des problèmes d'imprimante. Cette information se retrouve ensuite dans un de mes projets artistiques.
Je lis les informations inscrites sur une boîte de céréales produites dans le Tyrol.
Nous faisons la queue devant Auchan. Quelqu'un a dessiné au marqueur sur le le mur jaune un bonhomme de neige et un personnage au long nez portant une cravate.
J'appuie les aiguilles sur la puce. Je presse un bouton. Ça reprogramme. Puis je recommence avec la suivante.
Il existe réellement un village dénommé "Chailles".
Il y a la queue devant le supermarché du rond-point. Nous décidons de marcher jusqu'au suivant.
Trois pokéstops sont à portée de ma fenêtre. Elle en fait tourner les logos sur l'écran de son téléphone et gagne des objets virtuels.
Je saisis une commande pour un client. Il existe réellement un village dénommé "Hébencrevon".
Je lui explique que l'expédition se faisant ce jour, il ne peut pas recevoir sa cartouche également ce jour. Il s'énerve.
Je reçois un SMS. Elle est passée au bureau de tabac, où les masques sont vendus 4€ pièce.
J'ai l'impression d'avoir de la fièvre. En fait, c'est le soleil qui cuit lentement mon dos au travers se la vitre.
Dans la queue devant le supermarché, l'homme est gêné par son masque. Afin de tousser plus confortablement, il le descend sur son menton, tousse, puis le remonte sur son nez.
J'entends un groupe d'enfants s'égayer joyeusement dans la cour de l'immeuble d'en face : dernier jour de confinement.
Je sens l'odeur de ma propre haleine à l'intérieur du masque que je porte. Ça sent le café. L'odeur est désagréable et reste sur mon visage quand je quitte le masque.
Prendre ou ne pas prendre un café ? Après il faudra encore porter le masque dans l'entrepôt. Respirer l'odeur. Finalement, je presse le bouton pour l'expresso.
Le dentiste m'envoie un questionnaire à remplir pour s'assurer que je n'ai pas le virus.
Je reste un long moment devant son email. Son nom est-il un pseudonyme ? Peut-on réellement s'appeler ainsi ? Je m'interroge.
Comment sentir un melon tout en portant un masque ? Si le masque est bien ajusté, on ne sent rien. Si on l'enlève, les autres clients nous font les gros yeux. Finalement, on le choisit visuellement.
Nous passons devant l'immeuble où se trouve l'appartement qu'elle a failli acheter. C'est un de ces bâtiments de l'époque où on envisageait un immeuble comme une maison étirée en hauteur, avec un toit de tuile et des géraniums aux balcons.
On sort parce que le patron a apporté des croissants. On rentre précipitamment car on a oublié nos masques. On ressort avec les masques.
La dentiste m'appelle : elle peut me prendre 15 minutes en avance.
Je jette le trognon de pomme dans les herbes folles du talus, en me demandant si certaines des jeunes pousses qui dépassent déjà de l'herbe ne sont pas d'anciens trognons.
Travailler ou préparer un flan aux pruneaux ? La bataille autour de l'espace de la table de la cuisine commence.
Quelqu'un a répondu à mon annonce. J'ai réussi à faire en deux jours avec Facebook ce que je n'arrivais pas à faire depuis deux ans avec mon site : faire postuler des gens à mes offres. Mais... est-ce un spam ? Réponse plus tard.
Je suis pris d'une attaque allergique et me mets à éternuer dans mon masque. Je dois quitter précipitamment le magasin sous le regard épouvanté des autres clients.
Elle fait courir son chat derrière un pointeur laser, mais l'animal s'en lasse très vite pour chercher un autre jouet, comme s'il souffrait d'un syndrôme de déficit de l'attention.
Les petits moucherons qui virevoltent dans le bureau exaspèrent ma collègue. Viennent-ils de la machine à expresso ? Des pots de plantes d'agrément ? Des toilettes situées à côté ? Ils reviennent chaque printemps.
On a vidé les poubelles et nettoyé le bac de la machine à café, mais les moucherons reviennent, entêtants, chercher l'eau dans nos yeux.
Des lignes défilent sur mon écran. Je dois décider lesquelles sont bonnes, et lesquelles doivent être corrigées.
Il porte un sweater mauve estampillé Beko - la marque d'électroménager -, un jogging orange fluo, et il fait la manche devant la boulangerie. Je ne lui donne pas de pièce.
Je ne réfléchis pas assez avant de jouer et je défausse la mauvaise carte. Elle gagnera une fois encore la partie.
Il y a un petit trou dans le gant de caoutchouc au niveau du pouce. La colle cyanoacrylate s'y infiltre : lorsque je retire le gant, un bout de caoutchouc reste collé à mon doigt.
Lorsque je colle le texte, l'ordinateur décide de remplacer tous les "R" par des "E. Je dois ensuite les corriger à la main.
Une collègue m'avait déjà félicité pour ma promotion, une autre le fait, cette fois devant ma chef et ma camarade de poste. Cette dernière menace alors de démissionner si je quitte mon poste. Ma chef révèle alors que les rumeurs concernant ma promotion sont infondées. Le téléphone sonne : je prends l'appel, comme d'habitude.
Elle est surprise que nous ne fassions pas de manières pour lui remplacer son produit ; je l'entends au ton de sa voix qui cesse de trembler, comme si sa vie n'avait été jusqu'ici qu'une succession sans fin d'obstacles et de contrariétés.
J'achète un livre indien. L'auteur porte un nom francophone. Erreur ?
On finit par remarquer ce qui cloche à l'arrière plan de cette visioconférence : derrière notre interlocuteur, toutes les photos ont été décrochées du mur, à présent nu.
Le colis en route pour Béziers a été acheminé à Strasbourg en raison d'une "erreur d'aiguillage".
Un pissenlit solitaire pousse sur l'étendue de béton derrière la fenêtre. Je le regarde vibrer sous l'impact des gouttes de pluie. Puis je retourne à mon téléphone.
Je décharge pour la dix neuvième fois le papier du bac de sortie de l'imprimante pour le remettre dans le bac d'entrée.
Les deux premiers bourgeons d'une plante indéterminée poussent entre les fibres de plastique de la brosse WC, prouvant à la fois qu'elle n'est jamais utilisée, et que le produit nettoyant n'est pas toxique.
La carte de voeux qui était passée dans le bureau mais que je n'avais pas été autorisé à signer car je n'avais pas donné de l'argent dans les temps pour le pot de départ, finit par revenir dans le bureau : quelqu'un a ajouté mon nom à la liste des participants.
La lecture de la page sur le scutigère véloce m'a amené sur celle concernant la drosophile. Je reprends ma lecture à la section des mutations.
Je mets le point final à la lettre d'accompagnement de mon manuscrit.
Dans sa signature d'email, elle indique être "en recherche active d'emploi." Je me demande s'il existe une recherche inactive.
La réunion commence. Dans le bureau, le téléphone se met à sonner, quelqu'un rentre demander quelque chose, ma collègue part puis revient. Le chef attend, assis sur une chaise.
Nous fermons la fenêtre du bureau au moment où la température de l'air extérieur dépasse celle de l'air ambiant de la pièce.
Après avoir fini de tailler la haie avec une scie électrique, le prestataire d'entretien s'approche du jeune arbre qui protège notre bureau.
Le soleil brûlant cogne sur la vitre qui a perdu sa protection. Nous allumons la climatisation.
Nous voulions boire un smoothie, mais finalement on s'est rabattus sur des chaussons aux pommes.
Je lui sers une minuscule dose de café dans le capuchon en plastique de sa bouteille d'eau.
Ce qui aurait dû être une courte sieste se transforme en un somme d'une heure. Je dors profondément.
On réfléchit à quelle carte poser sur la pile.
Des milliers de sauterelles s'envolent sous nos pas.
Nous observons une dame pousser avec difficulté sa poussette sur les pavés de pierre de la cité médiévale. Comment transportait-on les enfants jadis ?
Un groupe de Segway est arrêté devant la statue d'une centaure qui enlève un faune. C'est une visite guidée, mais ce n'est pas la même guide que l'autre fois.
Une étudiante en marketing (d'après son style d'écriture) a perdu une page de classeur manuscrite intitulée "Branding and Desire" dans les escaliers qui montent la colline. Il y est souligné qu'il est important d'avoir une "Big Idea."
J'appuie sur le bouton "ON" de la machine à laver en m'assurant que cette fois le programme est bien sur 40°C.
Bientôt trois heures que je suis sur le problème et j'en reviens toujours à la case départ : peut-être est-il temps de l'envisager autrement ?
Ce n'est pas le bon produit dans la boîte mais il a l'air de bonne humeur au bout du fil, et pour moi c'est l'occasion de clôturer un vieux dossier.
Comme les autres pièces à retirer étaient noires, je tourne le petit capuchon noir qu'il faut déclipser de son support. Il saute et jaillissent derrière lui un ressort, une tige de plastique et un bout de papier aluminium.
Nous résistons à l'envie de demander son âge à Mme. Capitaine.
Il porte un masque de tissu en soie avec une petite étiquette symbolisant le drapeau français dépassant sur le côté. Il le retire dès qu'il commence à nous parler.
Assis face au miroir, dans la blouse blanche prêtée par le coiffeur, je ressemble à un enfant de chœur attardé.
Nous cueillons des figues sur le bord de la route. Leur intérieur est rouge vif. Elles ont un goût acide.
J'explique à mon collègue la difficulté que je rencontre avec la machine.
Le téléphone sonne pour une conf call improvisée. J'ai faim.
J'ajuste encore une fois la machine.
Il faut encore changer les aiguilles de la machine. Qui les a tordues et trop enfoncées ? Mystère.
Nous nous entrainons à prononcer le nom de notre future nouvelle collègue, à la demande de notre chef, d'origine chinoise.
Je calibre le support de mes impressions 3D.
Petit à petit, le calme revient sur l'écran du téléphone.
On parle trois langues dans le bureau et je réponds dans la mauvaise à la personne que j'ai au bout du fil.
Je mets les cartouches dans une imprimante : elles fonctionnent. Je les mets dans l'autre : elles ne fonctionnent plus. Où est le problème ?
On se demande qui va manger le paquet de chips.
Je sors dehors pour manger mon sandwich et respirer sans mon masque. Il pleut.
Je lance YouTube pour chercher un documentaire sur Stanislas Petrov.
Je glisse-dépose des rectangles que je relie par des flèches pour reconstruire la logique de mon histoire.
Il parle de la récupération politique du coronavirus dans son pays tandis que nous arrivons à la cantine, où la distanciation sociale est un oxymore.
Je mâchonne sans grand enthousiasme un sandwich poulet-mayonnaise qui s'est ramolli toute la matinée dans le sac plastique laissé dans le frigo.
A la table à côté, ils parlent de la guerre en Azerbaïdjan.
La porte de la bibliothèque est fermée, je cherche les horaires dans le hall d'accès : ça ouvre à 13h.
J'entame mon repas, la machine à laver tourne.
Il semble que toutes mes conversations de déjeuner avec mes collègues tournent autour de la maintenance de bicyclette.
J'abandonne mon sandwich sur le banc pour réceptionner trois colis et les poser sur une table où ils seront oubliés tout l'après midi, renversant au passage un flacon de gel hydroalcoolique. Pendant ce temps, mon sandwich est tombé au sol et un autre employé l'a mis à la poubelle.
Nous parlons de lui. A-t-il bénéficié d'un remède spécial exclusivement réservé aux super-riches ? A-t-il été remplacé par un de ses sosies pendant son séjour à l'hôpital ? Peut-être n'a-t-il pas du tout attrapé le virus, et toute cette histoire serait alors une conspiration ? Nous méditons là-dessus tandis que mon repas refroidit.
Nous signons tous les deux un formulaire autorisant le gouvernement à nous contacter pour nous mettre en quarantaine si un cas de Covid est détecté dans le restaurant où nous nous trouvons présentement.
Il me dit que quand il essaie de dormir, il voit des rangées de boîtes s'ouvrir devant ses yeux, chacune contenant une personne qu'il connaît. Ca me rappelle le cimetière de Venise où il allait se recueillir.
Je raccroche une ligne pour en décrocher une autre. C'est ma soeur au bout du fil. Nous échangeons les salutations d'usage.
La conversation s'arrête un instant, laissant place aux bruits de mastication. Le chou qu'il mange a l'air croquant.
J'observe le personnage au crâne luisant et au tee-shirt blanc immaculé moulant son torse musculeux imprimé sur la bouteille de détergent. Il a quelque chose d'une icône gay, ou d'un acteur porno, d'un bodybuilder, je pense qu'il plaît aux hommes, mais plaît-il aux femmes à qui s'adresse le marketing du produit ? J'en oublie de laver la table.
A ce point de la conversation, nous convenons tous deux que le port du masque contribue à la diminution du nombre de nos sorties.
On m'a installé seul à une table située au centre du restaurant, mais je ne sens plus les regards des autres tournés vers mois, tout préoccupé que je suis par la grande question de savoir si je dois remettre le masque entre chaque plat.
Elle me montre les vidéos qu'elle a tournées pendant l'exposition.
Faut-il passer par le contact que nous avons déjà à la mairie pour nous relier au bon interlocuteur de la mairie de la ville limitrophe, ou bien faire une nouvelle demande ? La question divise.
Je range ma gamelle dans mon sac.
Il parle chinois au téléphone. Ma main me pique à cause des éclats de verre du récipient brisé plus tôt.
Je prends le dernier pain au chocolat avant qu'un collègue ne s'en empare.
Dans la frénésie du déménagement je fais tomber un ventilateur ; j'essaie de rasssembler les deux moitiés de la grillet e je mets un moment à régler le collier de sertissage.
Entre le riz qui bout et la salle de bains à récurer, je ne sais plus où donner de la tête.
J'apprends a posteriori qu'il était interdit d'aider ses amis à déménager pendant le confinement.
Je franchis la porte des toilettes.
Donald Trump, Joe Biden, qui va gagner ? Mystère.
Les négociations sur le salaire avancent.
Je mange tranquillement ce plat de pommes de terre et de lentilles préparé pour quelques jours.
Le contacteur des heures creuses claque : il est 13h30.
Elle rentre dans le bureau, un gros coussin sous le bras - ou serait-ce un colis ?
Reprendre mon activité ou procrastiner encore un peu ? L'URL que je saisis ne penche pas en faveur de ma productivité.
J'envoie mon dossier de candidature logement et ses douze pièces justificatives.
Le linge est mal réparti dans le tambour et la machine refuse d'essorer. Je l'éteins pour pouvoir ouvrir le hublot.
Le patron annonce de façon impromptue, en pleine réunion, que je vais terminer mon contrat le 18/12 et non le 11. J'ai pourtant l'accusé de réception du recommandé à la bonne date - et mon nouveau job commence le 14. Je ne sais pas quoi dire et je sens mes intestins se nouer.
Je traîne encore sur internet.
J'ai une heure quatorze de retard par rapport au moment où habituellement je lui écris pour la pause déjeuner. Elle ne répond pas à mon message.
Je n'ai pas encore déjeuné : dans une certaine précipitation, j'utilise en même temps la poële et le four à micro-ondes.
Je frappe mes chaussures sur le sol couvert de neige tassée avant de remonter dans l'autobus.
Je mets la chemise que je viens de repasser : il reste encore un faux pli. J'enlève la chemise pour la repasser une troisième fois.
Je galère à organiser mes boîtes sur les étagères.
Je n'arrive pas à m'extraire de cette conversation téléphonique.
J'essaie de comprendre quelque chose aux certificats serveur de Mac OS. La documentation est inexistante. Je procrastine en regardant la neige tomber par la fenêtre.
J'attendais sa venue plus tard mais le voilà. Nous commençons à discuter le sujet du jour.
Il existe beaucoup de logiciels différents pour faire la même chose, et mon manageur insiste pour que j'assiste aux présentations de tous ceux qu'il trouve. Je clique sur "j'accepte la réunion."
Je suis assis sur une chaise entre deux machines que je dois préparer pour un prêt, je tape des commandes alternativement sur les deux claviers.
Deux étudiants parlent d'avenir : l'un veut aller s'installer dans le sud, l'autre est indécise.
J'entre dans la librairie : je dois enlever mes gants, mettre du gel hydroalcoolique sur mes mains, puis remettre mes gants.
Je cherche sur internet une certaine formule trigonométrique.
J'essaie de me représenter mentalement la combinaison de fausses manipulations qui l'ont amené à vider son fichier, enregistrer le fichier vide, et effacer sa sauvegarde. J'échoue.
Les chaises de la salle multimédia sont toutes occupées et ille hésite à demander. J'anticipe et pars chercher des chaises supplémentaires.
Je suis saisi d'un instant de nostalgie tandis que je transporte une cartouche d'encre bleue et un réservoir de toner usagé dans le hall.
Je transporte un équipement, on me hèle pour dépanner quelque chose, je le pose sur le rebord de la table la plus proche, il ne tombe pas.
J'allais poster un commentaire sacrastique dans le groupe habituel, quand je suis soudain interrompu par un message sur mon téléphone.
Je suis encore en train de poster un commentaire sur le forum habituel au lieu de m'occuper des nombreuses choses que j'ai à faire.
Je fais le tri des papiers brouillon qui encombrent déjà mon bureau. Un emploi du temps mentionnant une réunion que j'avais oubliée attire mon attention.
Il tente de me présenter sa proposition commerciale, mais l'alarme du bâtiment sonne une fois encore.
Je lui explique à quel endroit copier ses fichiers pour qu'ils soient bien sauvegardés.
Je me nettoie minutieusement les mains après avoir retiré mon masque.
La pâte à crêpes est prête ; je la mets à reposer au frigo.
Ma procrastination m'amène à essayer de retrouver des sites internet que je consultais plus jeune. Celui sur la Neo Geo Pocket existe apparemment toujours.
Ma proposition de configurer le renvoi d'appel automatique sur le téléphone de son bureau l'enthousiasme tellement qu'il faut aller le faire tout de suite.
Il y a un moment de flottement tandis qu'on décide qui sera le prochain à parler sur Teams.
Je découvre qu'il existe encore un autre logiciel de vidéoconférence.
Il m'explique plus en détail ce qu'il veut faire. Plusieurs idées me viennent en tête.
Nous portons tous les deux un pull rouge, mais lui ne sourit pas - je m'assure de mon sourire en regardant mon petit écran vidéo.
Il semble impossible d'inviter une nouvelle personne dans la réunion Teams une fois que celle-ci a commencé. Ils décident de quitter la réunion et d'en recréer une nouvelle avec la nouvelle personne ajoutée à la liste des participants.
Je suis complètement perdu à la page 11 du manuel.
Je cherche un deuxième ventilateur de la même marque.
Je mets les framboises dans le plat. Elles sont encore gelées.
La formation n'est toujours pas terminée. J'ai du mal à maintenir mon attention devant la vidéoprojection.
La bière est à 1€ mais je n'ai ni pièce ni billet dans mon portefeuille. Elle m'autorise quand même à en prendre une dans le frigo.
Je donne quatre vieux téléphones et un routeur obsolète à la ressourcerie du coin. La personne qui les réceptionne me dit que les téléphones seront jolis repeints en rose.
Je prends l'ascenseur pour monter au 3e. Il continue sa descente vers le niveau -1.
Je retire les cartes postales du four. L'encre a l'air sèche à présent.
Je dois communiquer sur l'exposition. Je galère avec la première phrase de l'email que je suis en train d'écrire.
Elle me demande si je veux rester à sa conférence une fois que j'ai fini de l'aider à brancher son ordinateur sur le système audiovisuel. Malheureusement j'ai plein d'autres choses à faire.
La réunion a trop duré et j'ai du mal à rester éveillé face à mon écran.
J'envoie un email test. Il ne passe pas.
Le ventilateur émet un son qui s'apparente à un bruit blanc. Cela semble calmer mon mal de tête.
Je finis d'écrire une phrase importante de mon article.
Je suis clairement en train de procrastiner pour le jour de la procrastination.
La conversation prend un tournant imprévu.
Je jette une certaine quantité de petits morceaux de papier dans la poubelle.
Nous réalisons avec stupeur qu'elle a travaillé avec une personne sur laquelle j'ai écrit il y a quelques années de cela.
J'entre dans une salle vide. Quelqu'un a oublié d'éteindre la lumière il y a un certain temps de cela.
Je passe devant un immeuble (mal) nommé "Casimir."
Est-ce un dialogue où une seule des parties parle, ou bien un monologue ? Est-ce que c'est parce que je ne trouve rien d'intelligent à dire, ou bien parce qu'il n'y a rien que je peux dire ? L'appel se poursuit.
Cette réunion consiste également en un long monologue durant lequel l'orateur répète à intervalles réguliers qu'il s'agit d'un événement "interactif."
J'essaie de distinguer de quel légume il s'agit mais la photo sur l'écran de mon vieux téléphone ne me permet pas d'apporter un élément de réponse.
J'essaie de comprendre comment mettre le texte en gras dans l'application, mais le site d'assistance ne m'est pas d'une grande aide.
Je galère à trouver des informations sur les nouvelles cartes d'étudiants aux normes européennes. Il y a cependant plusieurs liens sur lesquels je n'ai pas encore cliqué.
J'exécute manuellement les différentes étapes de mon futur processus de migration.
Je sors du métro, c'est la première fois depuis un an que je remets les pieds ici.
Je trouve enfin où va le dernier câble.
Le site présente de nombreuses peintures corporelles de marques variées, mais omet généralement d'indiquer le volume des contenants.
Combien des participants suivent réellement ce meeting en ligne ? La moitié semble regarder ailleurs que son écran.
Les imprimantes débitent des documents de couleurs bariolées. La fin du workshop approche !
Je découvre le futur en regardant Youtube, le présentateur est enthousiaste, ce nouveau gadget est révolutionnaire.
J'ai l'impression de m'éparpiller.
Il y a un article sur le camouflage dazzle sur Wikipédia. Il me donne le tournis.
On ne s'était jamais à vrai dire arrêtés devant la fresque du rez-de-chaussée pour la regarder. Il se trouve qu'elle a été réalisée par un artiste assez connu.
Je fais le retour en stock de l'ordinateur qu'elle a déposé en douce à mon bureau alors que je m'étais absenté : l'écran est couvert de traces de doigt, la souris est poisseuse, et il manque la touche "8" sur le clavier.
J'emprunte la passerelle du 2e pour éviter la horde de marmots qui squattent le rez-de-chaussée.
Le téléphone sonne et je cache par réflexe l'onglet du navigateur sur lequel j'étais en train de procrastiner.
L'animatrice nous indique qu'il ne nous reste qu'une heure et demie. Mes doigts font passer le fil plus vite sur la trame, sans erreur.
J'essaie de trouver une position confortable pour passer cet appel vidéo avec mon téléphone. Assis : mal au cou. Debout : mal au dos. Allongé sur le lit : mal aux bras.
Tout fonctionne comme prévu, la documentation de configuration reflète réellement ce qui se passe tandis que j'avance dans les étapes à réaliser, et aucun problème inattendu ne semble survenir.
Quelque chose cloche.
Je reproduis la même séquence d'actions pour la vingt-huitième fois.
Ils n'ont pas beaucoup de choix de couleurs mais je trouve toutes celles qu'il me faut, à l'exception du rouge - pour cette dernière, je vais devoir tricher et utiliser un autre type de fil.
Je croise un type et instinctivement je me dis "celui-là, c'est un joueur." Et en effet, l'arène du parc le long duquel il marchait a changé de couleur.
Une violente odeur de peinture fraîche et de poussière de roche nous oblige à rebrousser chemin.
La tapisserie ne sera sans doute pas aussi détaillée que le dessin que j'utilise comme modèle.
En calculant attentivement la vitesse du type qui promène son chien, dans un sens, et celle du type qui fait son jogging, dans l'autre, le moment de traverser pour ne croiser ni l'un ni l'autre semble être maintenant.
En regardant la falaise on se dit qu'on irait volontiers chercher des fossiles.
J'ai réussi à passer les contrôles ! La pression retombe doucement.
J'ai laissé échapper mon smoothie et quelques gouttes de glace fondue tombent sur mon téléphone et sur mon pantalon tout propre.
Le siège côté fenêtre ne donne pas sur une fenêtre mais sur une paroi blanche.
Je commence à avoir sérieusement mal au ventre.
On parle de problèmes de santé et de la douleur qui devient insupportable.
Les voitures passent sur le pont, sous le pont, à l'intersection de gauche, à celle de droite, devant nous, derrière nous. Mon père me parle mais je n'entends que les moteurs.
Le distributeur de boissons chaudes finit par me rendre la monnaie.
"Bonjour Odile !" hurle-t-il dans le combiné, brisant la tranquillité de l'appartement.
Je tire la valise dans la rue. La roulette droite est abîmée et la valise fait "tac tac tac."
Plutôt que de descendre à la réception pour demander le mot de passe du WiFi, il préfère se plaindre à moi par SMS.
Le train recommence enfin à accélérer. Grâce au retard qu'il a pris, ma batterie de téléphone sera totalement chargée.
Ils sont vraiment en retard sur le planning initialement prévu, il faut chaud dans le local, lourd dehors. Il soupire en transpirant.
Les choses, hier elles marchaient ; aujourd'hui elles ne marchent plus ; pourquoi ?
La machine à laver tourne à plein régime. J'essaie de créer un sondage au milieu du vacarme.
J'ai déjà reçu deux mails et j'ai dû remplir un formulaire de satisfaction sur le smartphone du technicien lors de son passage, voici à présent qu'on m'appelle pour me demander si tout s'est bien passé. On me précise que je vais recevoir un autre email pour évaluer la qualité de cet appel.
Tout ceci est incroyablement lent.
Mon pantalon est-il réellement trop court ? Lorsque je descends l'escalier, je sens le froid remonter sur mes chevilles.
Je fais de la publicité pour mes petites vidéos explicatives.
Je suis déjà prêt à partir, mais la copie met plus longtemps que prévu. Je regarde la barre de défilement défiler.
Je reçois un SMS quelques secondes avant l'heure prévue de mon réveil.
Mon alarme a beau sonner, je ne me réveille pas.
L'homme marche dans la même direction que moi, il transporte une échelle, il a l'air heureux.
Je devrais être dehors mais le conf call traîne en longueur. Il parle sans s'interrompre et on opine.
La touche Majuscule reste désespérément enfoncée.
Les horaires des trains ne cessent de changer. Nous guettons l'annonce du quai, qui tarde à venir.
Nous mettons la boîte dans le tiroir. L'effet de surprise est préservé.
Il respire toujours aussi bruyamment et occupe toute la largeur de son siège, accoudoirs compris. Je n'ose pas me lever pour aller aux toilettes.
Le bruit des voitures se mélange inexorablement au son de la voix et je ne perçois plus que de la bouillie sonore.
Je n'ose pas lire mon texte, trop long.
Je n'ai plus de scotch d'emballage, mais il y en a au fablab.
Le petit bonhomme vient de passer au rouge.
J'ai oublié d'envoyer un rappel pour la réunion alors je suis de retour devant mon écran.
Elle passe devant moi sans me regarder, mais je sais instinctivement que c'est elle qu'on attend.
La pluie se met à tomber dru pile lorsque nous arrivons en terrain découvert.
Ils rentrent triomphalement au chalet avec une heure d'avance. Le vin chaud n'est pas encore prêt.
Je frotte les traces de dentifrice à l'aide d'un chiffon imbibé de produit lave-vitres. Ca sent l'alcool.
Le type devant moi s'en sort aux caisses pour 96 euros, il a rempli à peine un cabas, et rien ne semblait valoir très cher sur ce qu'il avait posé sur le tapis roulant.
Je regarde mes propres achats avec appréhension.
"Ah, je ris de me voir si beau en ce miroir." Cependant la taille M me serre un peu trop et les manches sont un peu courtes.
J'ai les doigts qui tremblent quand j'attrape mon téléphone pour réagir à la dix millième notification de la journée.
J'ai oublié de me brosser les dents ce matin, alors je le fais maintenant que je suis rentré.
Je dois rester plus longtemps car je suis arrivé en retard ce matin. Je circule entre les onglets de mon navigateur.
Je ne peux pas changer de trottoir pour éviter la camionnette des artisans qui l'occupe sur toute la largeur, alors j'attends devant que le flot des voitures se tarisse. L'homme au volant me regarde d'un air las.
Un chien juché sur le socle d'une statue aboie tandis que son propriétaire se dispute avec un groupe, cannettes de bière en main. Un téléphone diffuse de la techno. Quelqu'un recharge un autre téléphone sur une prise extérieure dédiée aux forains.
J'ai encore perdu mon mètre ruban.
Je recopie une liste manuscrite dans un classeur.
- Combienn vous faut-il de casques audio ? Quatorze ?
Ils opinent. Je vais devoir les retrouver.
J'ai oublié d'installer ce module qui doit absolument être installé avant le reste de l'installation. Mais il doit y avoir un moyen de l'ajouter après coup... Comment ?
Elle attend le résultat de son test devant son ordinateur et commence à parler d'un complot mondial tandis que ma collègue s'éclipse discrètement. Je cherche un moyen de faire de même, mais la seule chose dans mon champ de vision est l'horloge qui me rappelle que je devrais déjà être parti.
On devine enfin la silhouette de la panthère des neiges au sommet de la colline.
Les éoliennes clignotent de façon synchronisée. Le mouvement régulier de leurs pales me fait somnoler.
Je suis encore sur un écran. J'ai la tête qui tourne.
Je consulte la liste du matériel. Elle est longue et les 15000 participants vont commander la même chose en même temps.
Finalement, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de cadeau.
J'ai collé les cubes trop haut et le capot ne ferme pas. Je les enlève d'un coup de marteau agacé.
Je suis tellement concentré sur mon programme que j'en oublie de rentrer chez moi. Mais ce n'est pas un programme pour le travail.
J'atteins le niveau 277 de Candy Crush.
Je passe une troisième couche de blanc. On voit toujours le bois.
Je relis mon travail - n'est-il pas trop monotone ?
La voiture prend toute la largeur du trottoir. Je peux me faufiler entre les portières et un grillage, ou bien marcher sur la rue.
Mon nouveau téléphone fixe est déjà en panne.
Mes mains sont propres, mais il n'y a plus de savon liquide. Je me rappelle en avoir stocké sous l'évier.
Il prétend avoir peur en voiture, mais il conduit dangereusement. J'ai mal au coeur.
Je trouve une information manquante concernant la banque en ligne.
Elle conclut sa présentation par une photo de la banane scotchée au mur de Maurizio Cattelan. Nous opinons.
Le cours mélange des niveaux A1, A1:2 et B2, et l'enseignant semble se demander comment ça va se passer.
La radio allemande fait un bruit de fond dans la cuisine. Je comprends parfois un mot.
Elle gagne 21 à 14.
La conversation me replonge seize ans en arrière.
Quels pantalons porter ? Les noirs ? Les blancs ? Les jeans ?
On parle santé.
L'émoji "agacé" est de circonstance.
L'exercice d'allemand est trop facile.
Quelle banque est la meilleure ? Je m'interroge, et internet ne m'aide pas du tout.
Je viens à peine de rentrer, mais j'ai déjà 4 écrans allumés autour de moi.
Il y a des nouvelles de la tempête sur internet. Dehors, le vent souffle.
J'ai mis mes écouteurs avec de la musique pour couvrir le son de la machine.
Je cherche la liste du matériel pour faire mes expériences, mais je ne la trouve pas.
Ce chou-fleur est tellement énorme que je dois changer de casserole pour le faire bouillir.
Je n'ai couru que 15 minutes mais j'ai besoin d'une bonne douche.
Ma mauvaise connexion à internet rend la conversation hachurée et nos visages pixellisés.
Je prends une photo du Puy - la station au sommet est éclairée.
J'avais oublié qu'il ne mangeait pas de jambon alors je rappelle la pizzeria pour modifier ma commande.
L'appel s'étire en longueur.
On approche des caisses de Ikea. Il n'y a pas foule.
On nous montre des schémas et on est supposés deviner de quoi il s'agit. C'est amusant.
Mes mains sont couvertes d'argile.
Courir me donne chaud. J'enlève mon kway.
La nuit tombe sur l'autoroute.
Il dit qu'il a du mal à se concentrer avec le son qui résonne dans la pièce. Je réalise que j'ai le même problème.
On parle de lunettes. Puis-je être à la fois myope et hypermétrope ?
La famille se dit laïque mais la discussion revient sans cesse sur la religion.
Il est arrivé.
Finalement c'est moins cher d'acheter directement les pizza chez le pizzaiolo que sur Deliveroo.
Je me sens seul sans mon smartphone que l'hôpital m'a demandé de laisser à la maison avant de venir.
J'essaie de ne plus être un éternel étudiant.
J'ai enfin un instant de libre.
Elle me demande si elle peut éteindre l'alarme, je lui fais répéter deux fois à cause du bruit de la chasse d'eau avant de crier "oui !"
Je vérifie sur l'étendoir quels vêtements sont déjà secs.
Sur les quatre personnes présentes au cours trois, dont l'enseignant lui-même, reniflent et toussent sous leurs masques. Je les observe avec appréhension.
Le simulateur de placement de meubles Ikea ne nous aide pas particulièrement à penser la position du lit dans l'espace.
Il règne un ordre impeccable dans cet appartement de location courte durée.
Je me rends compte que j'ai oublié la liste des meubles à acheter quelque part dans le magasin.
Evidemment, c'est quand je me décide enfin à quitter l'appartement pour aller aux courses qu'ils se décident à livrer.
Il nous reste encore beaucoup d'autres objets à nous procurer.
J'achète du chocolat.
Nous attendons l'autobus. La rocade toute proche émet un bruit sourd.
Les bornes délimitant les zones de travaux sont réellement équipées d'une ampoule qui luit faiblement : ce n'est pas juste un réflecteur.
Je consulte Facebook. Personne ne m'a contacté depuis dix jours.
Je déverrouille la porte de mon appartement.
Le cours est fini mais il va bien falloir trouver comment nous occuper encore pendant les trente prochaines minutes. Le prof hésite.
Le repas consiste en deux tranches de pain grillé et une carotte.
Je traîne encore sur ce site qui recense des accidents d'avion.
La fatigue habituelle survient dès que je raccroche.
Le vin chaud me réchauffe alors que mon pantalon encore mouillé de l'eau que j'y avais renversée dessus en pleine balade me refroidit.
Pour leur donner du goût j'ai fait cuire mes pâtes avec un bouillon-cube. L'eau jaunie s'écoule dans l'évier.
J'ai l'honneur d'apprendre comment on dit "avoir eu l'honneur."
Les gants ne sont pas assez jaunes pour mener à bien le projet. Je les laisse en rayon.
Reprendre un verre ? Ne pas reprendre un verre ? Je consulte discrètement ma montre voir si j'ai le temps.
Notre imposant stock de bouillons cubes n'est heureusement pas concerné par le rappel de produits.
Y'a-t-il un problème de chauffage ?
Je sors les croûtons industriels de leur sachet en plastique.
Rien à faire, l'eau ne semble pas vouloir s'écouler rapidement de ma cabine de douche. Elle atteint presque ma cheville.
Je prétexte une migraine pour ne pas me rendre à la soirée. En réalité, c'est un gros coup de fatigue qui m'affecte.
L'effet secondaire n'est pas dans la liste, pourtant fort longue, des effets secondaires potentiels.
Il devait arriver plus tard alors je ne me suis pas pressé, mais je reçois un SMS où il me dit qu'il est à ma porte ; alors je me hâte et bien évidemment quand j'y arrive il n'y est plus.
Les bols sont enfin émaillés et sortis du four. On convient d'un rendez-vous pour que je les récupère.
Il y avait beaucoup trop de gélose pour remplir 16 boîtes de pétri la dernière fois ; mais il en manque un peu pour remplir 32 boîtes de pétri cette fois-ci.
Il faut encore et toujours refaire de la gélose.
La température dans la boîte est restée la même jusqu'à la dernière photo.
Il y a 86 spectateurs connectés sur le live du festival.
J'ai lavé la moitié des boîtes de Pétri.
J'essore quelques feuilles de salade verte.
Le ciel est noir à l'est mais dégagé à l'ouest. Je décide de ne pas prendre mon imperméable.
La page ne s'ouvre pas.
J'essuie la vaisselle afin de dégager de la place pour une autre vaisselle qu'il me faudra ensuite essuyer également.
Je pose la poubelle devant l'évier pour optimiser mes mouvements et jeter rapidement les géloses.
J'ai du mal à reporter les températures dans le cahier.
Je crois avoir trouvé la bonne méthode pour laver toutes ces boîtes sans mélanger leurs couvercles labellisés : je les mets assemblées dans l'évier.
Des gouttes colorées tombent du papier noir dès que je le passe sous l'eau : je ne pourrai pas l'utiliser comme support.
C'est beaucoup plus copieux que prévu.
J'arrive à lui faire coucou depuis le tarmac.
J'arrive à obtenir une réduction en réorganisant mon voyage.
Je mange encore de la paëlla surgelée.
J'ai du mal à me concentrer sur la conversation téléphonique tout en répondant à deux correspondants sur Facebook.
Je suis assis immobile sur mon canapé.
Je mange deux toasts grillés entre lesquels j'ai mis du bacon.
La vidéo en noir est blanc est entrecoupée d'écrans bleus causés par les interférences des hauts-parleurs.
L'ordinateur s'est mis en veille pendant le repas et la sauvegarde a bien évidemment planté.
Mes mains étant occupées par le téléphone, je ne peux pas préparer le repas du soir. J'ai faim.
Assis en travers de mon canapé, je suis attentif à la conversation sur l'écran de mon téléphone.
Le site du parc présente une piscine géante, mais les montagnes russes ont l'air davantage attirantes.
Il a fini toutes les cacahuètes sans qu'on puisse y toucher et sa femme soupire alors qu'il prend encore une fois la parole.
Je suis encore en train de traîner sur wikipedia au lieu de faire mes préparatifs.
J'avais espéré qu'on ne les croise pas ce soir, et bien évidemment je les aperçois au loin.
Le jambon est industriel et la crêpe est fade.
L'historique de mes émojis envoyés contient essentiellement des coeurs et des sourires.
Est-ce que j'ai correctement rempli ce formulaire d'inscription à un cours de langue ? J'attends un retour.
[personnel]
L'intention est louable, mais je ne comprends pas si je dois mettre le mot dans le paquet, ou l'envoyer à un tiers.
Son style de dessin est déjà professionnel, mais ses scénarios sont ceux d'un débutant.
Heureusement, ses autres travaux sont plus captivants.
Encore des épisodes de Dragon Ball. Combien de temps cela me prendra-t-il pour tout lire ? Je clique sur le chapitre suivant.
L'organisation du déménagement cause beaucoup de stress.
(personnel)
Ces nouvelles révélations ne sont pas vraiment une surprise.
Comment expliquer mes mauvaises notes en mathématiques ?
(personnel)
Elle leur conçoit un immense potager, qui correspond à leur demande - mais en réalité ce n'est pas ce qu'ils voulaient vraiment.
(intime)
J'écris encore un long commentaire sur internet.
Le mail de réponse est un peu sec : je pense que j'ai loupé l'entretien par excès d'enthousiasme.
Encore une heure devant une bande dessinée trouvée sur internet.
Ce médicament entraîne-t-il une dépendance ?
Je traîne encore sur Wikipédia.
Il faut vraiment que je rachète du Destop.
Je remporte haut la main cette partie de Scrabble.
J'ai du mal à deviner la bonne combinaison de couleurs car il y a un doublon...
La vieille dame est gentille et grâce à elle j'arrive à m'asseoir à l'avant du car.
J'écris un programme qui doit calculer la consommation d'une automobile. Je râle d'avoir à faire ça pour un bête entretien.
Doit-on remplir le formulaire 2042 ou bien le 2041E ?
Quand j'étais petit j'éteignais précisément à 22h22. A présent j'essaie de comprendre d'où vient l'erreur sur mon écran.
Quand 90% du travail est fait , il reste encore 90% à faire. J'ai mal aux yeux.
Je mange une demi baguette. Je me sens rempli.
J'ai commencé par lire un article Wikipédia sur la Dose Équivalente Banane, et j'y suis toujours une heure après.
Baden n'est pas dans la région Baden-Würtenberg. Et je devrais aller dormir.
Le psychiatre émet un commentaire sur la façon dont la personne présidant la cérémonie de remise des médailles a retiré sa main après en avoir apposé une sur la personne handicapée qu'elle décorait.
L'histoire est moins improbable et plus touchante que je m'y attendais.
Je dors.
Je dors.
Je dors.
Je dors.
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Je dors.
Je dors.
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Je dors toujours.
Je dors encore.
Je dors.
Je dors.
Je dors.
Je dors.
Je dors toujours.
Je dors toujours.
Je dors.
Je dors profondément.
Je dors.
Je dors.
Je dors.
Je dors.
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Je dors.
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